Pierre Barachant est né et, après mûre réflexion, ne le regrette finalement pas. Il a planté des arbres, écrit des livres et fait des enfants. Il n’a donc pas raté complètement sa vie.
« Fracture, je n’aurais jamais cru le publier. Peut-être suis-je devenu écrivain pour l’écrire un jour. Je l’ai souvent dit à mes amis quand ils me posaient la question de savoir pourquoi, moi qui n’ai fait aucune étude, j’étais devenu écrivain. La réponse a toujours été : « Pour me sauver la vie ». Ce livre est une tentative de me la sauver, de sauver ce qui est possible de mon enfance. D’en amenuiser les souffrances. L’être humain se distingue des autres espèces animales en cela qu’il a élaboré un langage qui lui permet de mettre à jour ses sentiments, ses émotions. Un langage qui lui permet de se pencher sur son passé et d’en tirer des leçons. Fracture est né de cette nécessité. Le texte initial a été écrit dans les années 90. Puis oublié. Puis il a ressurgi à la mort de mon père. Je l’ai travaillé et retravaillé, comme nous travaille la mémoire. C’est un texte imparfait, définitivement inabouti parce que chaque jour qui passe lui apporte son lot de réflexions, d’amendements, de reculs, d’hésitations, de regrets, parce que, s’opposant à la haine que j’éprouve en pensant à mon père et à cette époque de ma vie, l’amour de cette même vie me demande d’oublier, non pas de pardonner, mais de faire avec, de réduire la « fracture ».