En un tel texte rarissime, la langue laisse sans voix. Elle devient le montage d’un épisode traumatique. L’auteur l’évoque non pour lutter contre l’oubli mais pour tenter de vivre. Et si au commencement était le Verbe, à la lumière noire de la Shoah ce verbe est resté pour Pecker de l’ordre de l’innommable.
Néanmoins, le poème n’est pas un devoir de mémoire mais un cri d’amour. Il sort de l’ombre et de la nuit du temps. C’est un théâtre d’ombres. Ecrire revient à vivre et mourir. Plus question de faire de choix entre ces deux verbes. Ils nous enseignent combien l’écriture ne se saisit pour celui qui devint l’orphelin que l’alignement d’un temps devenu tombe. Ces mots portent la douleur intérieure que seule la mort pourra effacer.